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  • Raoul Scipioni-Guenancia

Peintures et séries

Dernière mise à jour : 26 sept. 2022

Claude Monet, premier serial painter de l'histoire de la peinture.


Les séries dans la peinture préfigurent l’art moderne, et le grand précurseur dans ce domaine est véritablement Claude Monet, tant au sens propre qu’au sens figuré. De 1892 à 1894, Claude Monet a peint 40 tableaux représentant la cathédrale de Rouen à des angles de vue et à des heures différentes dans la journée. Dans cette série, seule la lumière varie.

En admirant l'ensemble coloriel et plastique autour d'un seul et même sujet, il est pertinent de penser que l'interprétation de la cathédrale de Rouen de Monet a pu influencer bien d'autres artistes, dont les plus modernes du XXeme siècle, voir au delà.


> Dans ce post, un clic sur chaque image l'agrandira instantanément.

Chaque tableau de la cathédrale de Rouen est de format à peu près équivalent à 106X65cm


Claude Monet s'est ensuite établi dans sa maison de Giverny à partir de 1902. Jusqu'à sa mort en 1926, le grand peintre impressionniste n’aura peint rien d’autre que les fameux nymphéas qui parsemaient les bassins de sa propriété. Les spécialistes en ont recensé pas moins de 272 compositions.


Quelques-uns des Nymphéas de Monet (détail)


Dans cette immense série, l’ombre et la lumière, le jour et la nuit, les saisons et les formes varient. Concernant les Nymphéas de l’Orangerie, Monet a voulu que ce grand ensemble mural soit suspendu en cercle, comme si une journée ou les quatre saisons s'écoulaient devant les yeux du spectateur.


En route vers l’abstraction

Les dernières toiles sur ce sujet touchent à l’abstraction, ce ne sont que des tâches dont celles qu’il a peint à moitié aveugle au crépuscule de sa vie.

Depuis Monet, la façon de traiter un sujet uniforme pour le transformer en composition protéiforme ou amorphique ne se fera plus jamais comme avant, et influencera des générations de peintres d’Art moderne.


Une partie des fresques "Nymphéas " exposées en cercle à l'Orangerie de Paris



Jackson Pollock, les séries de l’abstraction et de la déconstruction : Le Dripping


Jackson Pollock a produit plus de 700 oeuvres toutes différentes mais inscrites

pourtant dans une même et unique technique, le dripping.

Le dripping (« égouttage » en français) est une technique inventée par le peintre abstrait en 1950 dans le cadre de l' "action painting" la peinture sans pinceau. Le dripping consiste à laisser goutter la peinture du pinceau sur la toile, ou à la projeter directement dessus. Cette technique apporte beaucoup de matière, ainsi qu’une partie d’aléatoire : elle est utilisée dans le cadre de l’art abstrait mais aussi pour donner de la profondeur à des œuvres figuratives.

C'est justement ce dripping qui donne le sentiment au spectateur que les peintures de Pollock ne font partie que d'une seule et même série.

Quatre grandes fresques de Pollock, toutes maculées de dripping chaotique


Pierre Soulages, les séries de l’abstraction et de la lumière monochrome : L’outrenoir


Pierre Soulages est connu pour son usage des reflets de la couleur noire, qu'il appelle

"noir-lumière" ou "outrenoir". Il a réalisé plus de 1700 toiles . Comme Pollock, c'est un représentant de la peinture informelle. Soulages fait une peinture déstructurée afin de rompre avec la forme, l'harmonie, l'équilibre et les proportions. Son élan créatif se fixe dans l'instant, il construit des signes abstraits auquel il donne un sens personnel. Il pousse l'abstraction à ne donner aucun titre à ses peintures, si ce n'est le mot "peinture" suivi du format.

En cela l'oeuvre de Soulages s'inscrit dans une vaste série où le noir n' est finalement que la composition, l'équilibre, l'harmonie, l'équilibre, les proportions... et la couleur !

Pierre Soulages, "Peinture 181x244", 25 février 2009, triptyque, acrylique sur toile.



Retour à la forme et au figuratif :

quelques autres serial painters remarquables.


1/ Les natures mortes de Giorgio Morandi 1945-1964

La série … d’une vie ascétique.

Pourtant si semblables, les quelques pots, les bouteilles, les verres, les boîtes, ce que le peintre avait sous la main et que Morandi disposait sur une table, donnent l’impression de se ressembler, mais il n’en n’est rien. Chaque nature morte peinte par l’artiste a sa spécificité dans le dénuement et le minimum de moyen pictural.

Quelques natura morta de Giorgio Morandi, la plupart réalisées sur des toiles de petit format

(35X40cm environ), et guère au delà.


A la mort du peintre, on découvrit dans sa chambre simplement meublée d’un lit et d’une petite table son matériel de peinture et ces objets que Morandi ne cessa d’assembler, variant imperceptiblement les compositions d’une précision absolue, bougeant parfois la table collée contre le mur ou coincée dans un angle, mais conservant toujours la même position face à son modèle : de face et légèrement en surplomb. Seule alors variait la lumière, selon le temps, l’heure, la saison et l’emplacement de la table. Et cette lumière tombant sur les bouteilles

et les boîtes — ses qualités, ses subtilités, ses teintes — obsédait Morandi comme, tombant sur un étang, elle obséda Monet (les Nymphéas), ou sur une montagne elle obséda Cézanne (la Sainte-Victoire).



2/ La montagne Sainte Victoire de Paul Cézanne 1885-1906


La série... haute en couleurs.

Originaire d’Aix-en-Provence, Paul Cézanne s'attache dès l'enfance à ce bloc de calcaire. Cette montagne Sainte Victoire fut le modèle préféré de Paul Cézanne, sa muse pour ainsi dire. Entre 1885 et 1906, il l'a représentée près de 90 fois. On recense précisément 44 huiles et 43 aquarelles exposées dans les plus grands musées. Cézanne marche des heures à la recherche des meilleurs points de vue. Il veut la peindre dans toute sa splendeur avec ses couleurs changeantes et sa géométrie parfaite, en forme de triangle, qui le fascine.

Que la montagne est belle ...comme dirait Jean Ferrat !



3/ Les nus bleus d’Henri Matisse 1952


La série … (dé)coupée, copiée, collée.

Série des Nus bleus aux pommes 1954

A partir de 1947, Matisse va utiliser systématiquement et uniquement la technique de la gouache découpée 

« à vif » dans la couleur . Cela va constituer la matrice de son œuvre ultérieur, jusqu’à sa mort en 1954. La découverte des gouaches découpées de Matisse par la jeune génération des années 1950, américaine et européenne, sera décisive.

La série des Nus bleus (1952) reprend une pose de nu assis traitée de nombreuses fois, en peinture mais aussi en sculpture: Nu assis, Olga, 1910; Nu assis, bras autour de la jambe droite, 1918; Vénus à la coquille, surtout dans sa seconde version de 1932. Dans les quatre Nus bleus sculptés dans la couleur, c'est le jaillissement impitoyable d'une forme délivrée, dans l'espace.

Série des Nus bleus II (1952)



4/ Les baisers de Franscisco Hayez 1859-1861


La série… de commande (cf Chronique picturale « le baiser dans la peinture »)

Le premier baiser (tableau du centre) est une commande du comte Alfonso Visconti di Saliceto, fervent militant de L'unification italienne. Il existe trois autres versions de ce tableau dont deux ont été localisées : la version de 1861 diffère (tableau de gauche), la robe de la femme est en blanc, elle est une commande d'un banquier milanais. La version de 1867 était destinée à représenter le peintre au pavillon italien de l'exposition universelle de Paris et là aussi, elle diffère, un voile blanc repose sur les marches de l'escalier et la concordance des couleurs sur les 2 amants (bleu-blanc-rouge-vert) représentent l'union sacré entre la France et l'Italie nouvellement unifiée.

La version de 1867 /112X118cm (à droite) a été vendue chez Christie's en 2016 pour 900 000€


La version non localisée est une aquarelle de plus petite dimension, offerte par Hayez à sa maîtresse, Carolina Zucchi, vers 1861. A noter que si les personnages ont exactement la même posture dans les 3 tableaux, seuls les décors de fond diffèrent légèrement.



5/ Les anthropométries d’Yves Klein 1960-1962


La série... de faits et gestes.

Yves Klein, peintre contemporain prodige mort prématurément à 24 ans a laissé une série peu commune par "cette marque de l'immédiat" comme le raconte lui-même Yves Klein :

3 jeunes femmes nues s'enduisent de pigment et se jettent sur de grands feuilles de papier tendu au mur et au sol. Ces pinceaux vivants sont dirigés par l'artiste sans un mot, chef d'orchestre de la performance et accompagné d'un ensemble musical de 9 musiciens devant un parterre de spectateurs triés sur le volet.

Anthropométries de l'Epoque bleue

180 oeuvres autour des pinceaux vivants

... essentiellement féminins.


Pigment pur

et résine synthétique

sur papier marouflé sur toile

156.5 x 282.5 cm













6/ Les sérigraphies d’Andy Warhol 1962-1987


Les séries… de consommation de masse.

Difficile de ne pas voir dans le travail de Warhol l'empreinte visuelle des cathédrales de Rouen de Monet. A ceci près qu'il souhaite, dans le procédé à la chaîne de ses sérigraphies, supprimer tout sentiment et toute expression que l’on pourrait trouver dans une œuvre peinte à la main. L’art se rapproche ainsi d’une sorte de travail à la chaîne d’usine, d'où le nom de son atelier d'artiste : la Factory. L’idée, en utilisant ce procédé, était d’aboutir à un anonymat et une dépersonnalisation presque totale. En reproduisant des motifs de manière mécanique,

Warhol enlève aux œuvres le caractère type qu’il leur aurait laissé en tant qu’artiste, c'est à dire une oeuvre unique et originale.

On ne vas pas épiloguer sur ces séries vues et archi-diffusées dans le monde des arts et des boutiques de posters, à la limite de l'indigestion; mais c'est bien cela qu'a voulu l'artiste

pop-art en faisant produire ses sérigraphies au rang de surproductions commerciales...

les plus chères du monde !




7/ Les peaux quadrichromiques

de Raoul Scipioni-Guenancia 2005-2014


La série… confisquée !

Oeuvres de « jeunesse » de Raoul SCIPIONI-GUENANCIA, la 1ere série fut commencée en 2005 et achevé en 2007. Le peintre affinait son style inspiré par l' hyper-réalisme français des années 70 - 80 (cf Chronique picturale « Peinture et artiste inspirant »).

Son attirance pour le corps féminin traité en (très) gros plan se combine avec un clin d’œil appuyé au pop art en général, David Hockney, Tom Wesselman et bien sûr, aux séries d’Andy Warhol - à une différence toutefois : ces « peaux quadrichromiques » sont chacune des œuvres uniques, et non des sérigraphies tirées en plusieurs exemplaires.

La série des "peaux quadrichromiques" 2005-2007. Huiles sur toile / 73X92cm

Cette 1ère série m'a été kidnappée par une ex-amoureuse en gage de "cadeau de rupture". Le dépit sentimental allié au narcissisme (sa plastique m’ayant servi d’inspiration), Anita* K. ne m'a jamais rendu les tableaux. Comme chacun sait, les histoires d’amour finissent toujours mal en général. J’ai alors relevé le défi de refaire cette série 7 ans plus tard pour les exposer à MAC PARIS 2014.

la photo d'inspiration... qui a tout provoqué ! * le prénom a été modifié

La série des "peaux quadrichromiques" 2014. Huile sur toile/ 73X92cm


En peinture, refaire n’est pas reproduire… c’est ré-inventer !

La seconde série de « peaux quadrichromiques » présente sur le site

raoul-scipioni-guenancia.com se distinguent de la première par des teintes un peu moins électriques, des détails rajoutés...

... et par la présence d'un 5ème tableau.



Le 5ème tableau (maillot noir sur peau jaune)

La série 2014 se diffère de celle de 2007 par des petits détails qui ont leur importance.

L'adjonction du 5eme tableau permet de composer le quadriptyque en laissant au spectateur le choix des goûts... et des couleurs !


A bientôt pour une nouvelle chronique picturale !


Raoul Scipioni-Guenancia


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