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  • Raoul Scipioni-Guenancia

Des peintures … qui ont de la gueule.

« Quoi ma gueule? Qu'est-ce qu'elle a ma gueule ? Quelque chose qui ne va pas? Elle ne te revient pas ?… »

Telle cette chanson d’un célèbre rockeur hexagonal, j’ai répertorié

quelques visages remarquables de l’histoire de la peinture,

non pas tant par leur célébrité que par l’originalité du traitement,

le sujet en lui-même… et leur auteur !

Donc pas de Mona Lisa ni d’Homme à l’oreille coupée dans cette chronique

picturale, mais une sélection plus éclectique qui, j‘espère, vous amusera.


> Dans ce post, un clic sur chaque image l'agrandira instantanément.



1/ Le premier profil de l’histoire de la peinture


Jean II le Bon (1319-1364).

C’est le plus ancien portrait figuratif connu et peint en Europe au moyen âge. Observez et admirez l’expression du regard, le mouvement des cheveux, les proportions du visage et les plis du vêtement traités de façon résolument réaliste par rapport aux icônes médiévaux de l'époque. L’auteur anonyme de ce tableau (peut-être italien), faisait partie de la suite de Jean le Bon, venu en 1349 (juste avant son accession au trône de France) rendre visite au pape. Cependant, tout cela n’est qu’hypothèse selon l’inscription inscrite sur l’oeuvre. Jean le Bon fut l'une des premières figures tragiques de la guerre de 100 ans en perdant la bataille de Poitiers . Il fut prisonnier et exilé en Angleterre avant d'être libéré sous rançon.


• Peinture sur bois : 60X45cm.




Mais le plus étonnant, c’est surtout

sa ressemblance troublante avec le chanteur cité ci-dessus !


• Jean-le Bon / Jean-Philippe Smet,

un lien de parenté : hasard ou coïncidence, fake news ou théorie du complot ?!








2/ Les peintres illusionnistes font bonne figure.


Ils sont nombreux à avoir donner au portrait une dimension surréaliste, bien avant la naissance du mouvement au début des années 1920.

Le plus talentueux du genre est certainement Giuseppe Archimboldo 1527/1593.


Archimboldo est un peintre maniériste célèbre comme auteur de nombreux portraits suggérés par des végétaux, des animaux ou des objets astucieusement disposés. Toutefois, il faut se rappeler qu'à son époque il existe déjà une tradition, depuis l'Antiquité, de masques bachiques et hellénistiques formés d'éléments pris dans la nature. Les peintures d’Archimboldo sont conformes aux penchants maniéristes de l’époque , c’est à dire en contradiction avec les principes harmoniques de la haute renaissance : exagérations des formes, faciès monstrueux, portraits déformés, tons coloriels acides et crus.

Son chef-d’œuvre est manifestement son portrait de Rodolphe II déguisé en Vertumne

(roi étrusque) daté de 1591, composé uniquement de végétaux.

• Rodolphe II 1590,

huile sur toile 58X70cm • L’eau 1566 • L’hiver 1573


Salvador Dali, forcément, en tant que représentant du mouvement surréalisme, se devait de composer un visage avec des éléments de la vie quotidienne. C’est ce qu’il a fait en peignant le portrait de l’actrice américaine Mae West sex-symbol sulfureux d’Hollywood dans les années 20/40. C’est une petite gouache réalisée en 1935 de style figuratif.

A noter que la bouche pulpeuse en forme de canapé a inspiré par la suite des générations de designer mobiliers.

• Portrait de Mae West . Dimension 35X17cm, exposée au Chicago Institut

Dali réitère l’exercice en 1952 en peignant le portrait de sa femme Gala, sous le titre de Galatea des sphères. Ce portrait complexe et étonnant composé de sphères avec une maîtrise exceptionnelle de la perspective est à mettre au compte d’une période connue chez Salvador Dali de « mysticisme nucléaire » : le peintre catalan liait cette physique subatomique , où les corpuscules formant le noyau restent en équilibre sans contact entre eux et qui décrit une matière fondamentalement discontinue, à sa foi chrétienne.


• Galatea des Sphères.

Huile sur toile 65X54cm

exposée au Musée de Figueres


Sur le thème des illusions d’optique en peinture, je recommande comme une curiosité digne d’intérêt l’ oeuvre contemporaine du peintre ukrainien

Oleg Shuplyak, reconnu en la matière.

A la manière de Dali, et depuis plusieurs décennies, cet artiste s’amuse à camoufler des visages de célébrités dans ses peintures de paysages avec un certain talent.


• Portrait de Salvador Dali

• Portrait de William Bouguereau

• Forest song Ukraina

• Portrait de Charles Darwin




3/ Têtes fauves, tronches cubiques et gueules expressionnistes


Kees Van Dongen, pour qui « la peinture est le plus beau des mensonges. » aime réaliser le portrait des femmes de la haute société et raconte sa méthode avec tout le cynisme mondain qui le caractérise : « L'essentiel est d'allonger les femmes et surtout à les rendre minces. Après cela, il ne reste plus qu'à agrandir leurs bijoux. Elles sont ravies. »



• Le coquelicot (ou graine de pavot) 1919 Le tableau est aujourd'hui au Museum of Fine Arts de Houston (USA).




Ou encore cette suffisance provocatrice, après avoir fait le portrait de Brigitte Bardot en 1959 (qui appréciera le compliment !) : « Lorsqu’on s’est fait peindre par un peintre célèbre, il ne reste qu’une ressource : ressembler à son portrait. »














Victor Brauner, peintre dadaïste d’origine roumaine, puis surréaliste et enfin communiste idéaliste, aura parsemé son œuvre de portraits dérangeants… et dérangés.

• Portrait d’Hitler, huile sur carton

1934, 22X16 cm • Portrait d’André Breton 1934


Le Portrait de Dora Maar peint par Picasso présente de ce point de vue une composition assez classique, où le corps et le décor s’entremêlent. Les épaulettes rappellent la mode de la fin des années 1930. Une interprétation cubique qui a - contre toute attente - une certaine ressemblance avec le modèle !

• Photo et portrait de Dora Maar 1937

Huile sur toile, 92 x 65 cm. Musée national Picasso-Paris



Otto Dix , comme bien d’autres peintres expressionnistes allemands , sait que tout bon portrait repose sur une apparence : l’être de chacun s’exprime dans son apparence ; l’extérieur est l’expression de l’âme , c’est à dire que l’extérieur et l’intérieur ne font qu’un.

On peut alors résumer que les catégories traditionnelles du beau et du laid n’ont pas d’importance.


Portrait de la journaliste Sylvia von Harden 1926

Huile et tempera sur bois. 21 x 89 cm





4/ Laideur assumée et vieilles bobines


La peinture occidentale classique a souvent abordé la vieillesse en y associant la laideur et/ou la difformité, synonyme du temps qui passe et de l’approche inéluctable de la mort. Des portraits remarquables et profanes en font état… ce qui ne les empêchent pas d’être en soi magnifiques !



• Le Temps et les Vieilles (1810)

Franscisco Goya. musée du Prado












Oeuvre de Quentin Metsys, peintre de l’Ecole flamande soucieuse de réalisme,

ce tableau de 1513 qu'on appelle en général La vieille Femme grotesque sert communément de référence à la laideur en peinture. Il y a quelques années, des médecins visitant la National Gallery où se trouve le tableau ont reconnu une dame souffrant de la maladie de Paget, maladie osseuse qui déforme le visage.









Voici le portrait d'un vieillard et d'un jeune garcon, de Domenico Ghirlandaio, 1449-1494", Ce double portrait oppose la vieillesse, la maladie (le rhynophyma, une espèce d’acnée rosacée) et la laideur face à la jeunesse et à la pureté. Le croisé bienveillant des regards, l’ouverture de la fenêtre sur un paysage de vie représenté symboliquement par un parcours sinueux, tous ces artifices permettent au peintre de justifier l’arrivée de la lumière sur les visages… et d’affirmer l’allégorie.


Musée du Louvre




5/ Les regards ténébreux du romantisme


Trois tronches de la peinture romantique méritent d’être mentionnées

pour leur facture ET le sens de la mise en scène émotionnelle.


Le Portrait du peintre

Caspar David Friedrich

vu par Gerhard von Kügelgen

vers 1810-1820.

Un regard maudit, digne de Goethe et de l'influence faustienne, qui résume toute l’oeuvre de ce grand peintre romantique allemand, créateur de paysages grandioses et presque fantastiques.











"Jeune orpheline au cimetière"

d’Eugène Delacroix. Vers 1824

Un regard plein d’effroi qui, lui aussi, raconte l’œuvre de Delacroix et de ses plus célèbres tableaux par cette phrase : du malheur... vers l’espérance.













Et pour finir ce chapitre des romantiques contrariés, "Le désespéré " de Gustave Courbet réalisée entre 1843 et 1845, qui est un autoportrait de jeunesse. Ce regard halluciné permet au jeune peintre de justifier la noirceur de son âme auprès de ses ami.e.s : «Avec ce masque riant que vous me connaissez, je cache à l’intérieur le chagrin, l’amertume, et une tristesse qui s’attache au cœur comme un vampire»

Huile sur toile, 45 x 54 cm.



6/ Des portraits hyperréalistes... hyper bluffants


Difficile de parler de tronches dans la peinture sans évoquer le courant hyperréaliste du dernier tiers du 20eme siècle et les artistes qui l’ont animé.

L’œuvre de Chuck Close, artiste/peintre et photographe américain est celle qui est la plus représentative de ce qu’un peintre peut à ce point dépasser la réalité photographique.

Le thème de prédilection de Chuck Close, vous l’aurez compris, est le portrait, qu’il peint souvent au moyen d’une gigantesque échelle (son 1er tableau en 1967 « big Nude » mesurait 3m de haut sur 6,5 m de large ) . Voir ci-dessous

Big nude . Collage photo préparatoire, et réalisation acrylique sur toile enduite S'il a d'abord visé à la reproduction photoréaliste des visages, il expérimente depuis un certain temps avec la pixellisation peinte.

Chuck Close utilise la technique du quadrillage pour reproduire sa photo en grand: préalablement quadrillé, le portrait est reproduit carré après carré pour obtenir des images gigantesques et incroyablement détaillées, qui vues à distance sont dotées d’une grande fidélité photographique, mais qui de près ne laissent voir qu’une multitude de taches colorées abstraites, de sorte que les surfaces apparaissent comme des sortes d’écrans pixellisés.

• autoportrait de l'artiste • portrait de Bill Clinton • portrait d'un ami

• tableau • détail tableau • photo originale


Le visage humain est traité comme une carte dont la topographie est uniformément intéressante, cherchant à ne pas privilégier un élément plutôt qu’un autre.


7/ les selfies peints ont la grosse tête


Les Selfies peints (ou Egoportraits) de Raoul SCIPIONI-GUENANCIA sont le reflet pérenne de l’image de soi numérique, fugace et narcissique, qui change en permanence dans les flux numériques.

• Jean devant son selfie • Jean / huile sur toile • Jean / détail


A partir d’un tirage photographique de taille moyenne ( format A2), il utilise la technique du quadrillage afin de retranscrire au plus près les textures de ses modèles. Couche après couche grâce à la fastidieuse (mais incomparable) technique du lavis à l’huile, les volumes émergent entre ombre et lumière, et mettent en valeur la texture des peaux et le souci du détail... le choix des poses faisant le reste.

Les différentes phases de lavis à l'huile sur le selfie de Pierre-Antoine

• quadrillage au fusain • 1ere couche • 5eme couche, et ainsi de suite...


Pierre Antoine / Huile sur toile (38X61cm) / cadre en bois peint

Pierre Antoine en situation détail 1 détail 2



Le premier selfie peint ... vintage !

Le selfie suivant est un portrait de mon fils Elliot, 8 ans, qui a posé espièglement en faisant une bulle de salive dans sa bouche (en mâchant un chewing-gum, je précise ! ) pendant que je le photographiais. J'ai alors sélectionné ce cliché pour le transformer en grand selfie peint dans une coque de téléphone portable stylée "Nokia 3310" bien antérieure aux smartphones.


Elliot

Huile sur toile (84X100cm) hors cadre (96X175cm) plein cadre cadre en bois peint

• touches en résine collée





• détail • en situation


A bientôt pour une nouvelle Chronique !


Raoul SCIPIONI-GUENANCIA


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