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  • Raoul Scipioni-Guenancia

Peinture et autoportrait insolite

Dernière mise à jour : 29 avr. 2020

Pour un peintre, faire son autoportrait est un exercice quasi obligatoire au cours de son œuvre. Dans la peinture classique, c’est surtout le seul moyen de pouvoir mettre un visage sur un nom connu. Les artistes dévoilent une partie d’eux-mêmes, et se mettent en scène pour laisser à la postérité une image parfois pas banale qui leur ressemble… et qui interroge. Quelques exemples remarquables :


> Dans ce post, un clic sur chaque image l'agrandira instantanément.


Les ménines, ou les demoiselles d’honneur

Diego Velasquez : 1656-1657



La composition de cette toile a 3 points focaux : l’infante Marguerite, l’autoportrait de Velasquez et l'image réfléchie du roi et de la reine dans le miroir (peut-être même issue du tableau que Velasquez est en train de peindre). Le jeu des ombres et des lumières, la composition des personnages en plans successifs, la profondeur de champs et un seul point de fuite, tout converge comme une image cinématographique. Le peintre se met en scène comme un lien intermédiaire entre l’infante au premier plan, et le couple royal en retrait, sans oublier le visiteur sur le pas de la porte en arrière plan.

Un autoportrait qui bouscule le protocole royal !


Les amants dans la campagne, sentiments du jeune âge

Gustave Courbet : vers 1844



Cette scène fait partie des peintures à caractère autobiographique qui jalonnent l’oeuvre de Courbet dans les années 1840. Sous un titre romantique anodin et, l’air de rien, sans nous regarder, le peintre se représente avec sa compagne de danse (peut-être Virginie Binet, dont il aura un fils en 1847).

Un vrai-faux autoportrait !









Parodie du « Bois sacré » de Pierre Puvis de Chavannes

Henri de Toulouse-Lautrec : 1884


Toulouse-Lautrec, âgé de 20 ans, affirme sa modernité et son impertinence en détournant une œuvre du maître des décors officiels de la belle époque, Pierre Puvis de Chavannes.


A partir du tableau original qui idéalise un monde de poésie et de mièvrerie tournées vers l'âge d'or, Toulouse-Lautrec parodie celui-ci en s’installant parmi les personnages du tableau, du haut de ses 1m42, vu de dos, en train d’uriner entre un notable et un policier.



Un autoportrait qui pisse à la raie du dogme académique !



Les deux Frida

Frida Khalo : 1939



Ce double autoportrait, assez rare dans la peinture représente un exutoire après la séparation douloureuse entre la peintre mexicaine et son mari, Diego de Rivera.

La Frida de gauche en femme mariée fragile souffre et son cœur s’épanche, au sens

propre comme au sens figuré, sur sa robe blanche de mariage immaculée. Tandis que la Frida de droite, célibataire libérée et affirmée (la moustache n’est pas rasée !) donne

sa force – et son sang - à son alter ego dans le désespoir.


Un autoportrait sous la double tyrannie des émotions et des sentiments !


Triple autoportrait

Norman Rockwell : 1960



Si vous avez aimé le double autoportrait de Frida, vous adorerez le triple autoportrait

de Norman ! Rockwell utilise une mise en abyme, qui consiste à incruster dans une image cette image elle-même. Cette œuvre est comparée au tableau ci-contre de Johannes Gumpp (1646), autre exemple notable de triple autoportrait.

Tous deux se représentent de dos, en train de se regarder dans un miroir pour peindre son propre portrait. Tout en présentant de façon réaliste le travail du peintre, celui-ci est montré sous trois aspects différents : de dos, dans le reflet du miroir, et sous la forme de l'autoportrait qu'il est en train de réaliser sur la toile.


Un triple autoportrait d’humour, de technique et de créativité picturale !








Egoportrait / selfie peint

Raoul Scipioni-Guenancia : 2016


Pas facile de relever le défi de l’autoportrait après tous ces exemples plus créatifs les uns que les autres. Le tableau ci-dessus ME représente en train de ME peindre sur MON propre téléphone portable qui ME photographie, et c'est ainsi que je ME retrouve encadré dans MON smartphone lui-même ! ( j’ai fabriqué le cadre en bois peint autour du tableau ). Une mise en abyme virtuelle en quelque sorte.


Un autoportrait autour du MOI qui se moque de l’objet dédié aux autoportraits en série !



A bientôt pour une nouvelle chronique picturale !


Raoul Scipioni-Guenancia

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